Un air de mauvaise qualité, que fait Madrid?
23/02/2017
Tiempo de lectura: 4 minutos
Le pays de Cervantes a longtemps fait la sourde oreille aux avertissements de l’Union Européenne concernant les questions environnementales. La Commission Européenne vient de lancer un dernier appel à l’Espagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume Uni afin qu’ils prennent des mesures pour changer la qualité de l’air. Ils disposent d’un délai de 2 mois pour se mettre à l’oeuvre sinon des mesures judiciaires voire des sanctions financières s’ensuivront.
La circulation routière est pointée du doigt comme la principale cause de la pollution au dioxyde d’azote (NO2) qui ne doit pas dépasser la valeur guide de l’Organisation Mondiale de la Santé qui est de 40 μg/m3 (moyenne annuelle). Chacun des pays mentionnés précédemment a des zones concernés par cette pollution. L’Espagne est dernière du groupe avec seulement 3 zones dont Madrid où la concentration de l’air en dioxyde d’azote a toujours excédé la limite. L’Allemagne au contraire détient la palme du mauvais élève avec 28 zones, suivi de la France avec 19 zones dont la ville de Paris bien évidemment et celle de Lyon. Le Royaume Uni et l’Italie complètent le classement avec respectivement 16 et 12 zones concernées.
La Commission souligne la gravité du problème en rappelant que chaque année, plus de 400.000 personnes meurent prématurément dans l’Union Européenne à cause de la mauvaise qualité de l’air. Afin de réduire la pollution de l’air, la Commission propose comme solutions la transition aux véhicules électriques, la réduction du volume global du trafic routier, une baisse des émissions de la part des véhicules fonctionnant au diésel et une adaptation du comportement des conducteurs comme par exemple prendre la voiture seulement lorsque cela est nécessaires et privilégier les transports en communs ou la marche.
Examinons à présent la capitale espagnole; certes il est vrai que le niveau de pollution de l’air à Madrid est souvent élevé mais ce n’est que le 29 décembre dernier que la ville a adopté pour la première fois la circulation alternée contrairement à Paris où cela devient une habitude. En effet, depuis l’année dernière, les expressions “pic de pollution”, “circulation alternée” ont beaucoup fait l’actualité.
La mise en place du projet “Muévete en Verde” est un pas de plus en avant. Le paysagiste espagnol Marc Grañen est celui à qui nous devons cette idée d’équiper le toit des bus de Madrid de jardins. Hormis la touche esthétique que cela apportera à la ville, cela sera également un moyen d’améliorer la qualité de l’air. En effet, la Empresa Municipal de Transportes de Madrid (EMT) dispose d’une flotte de 1900 bus ce qui correspond à environs 20.000m2 de surface à planter et 400 tonnes de dioxyde de carbone absorbé par an.
De plus, les madrilènes furent invités en 2016 à se prononcer sur différentes réformes sur les énergies renouvelables, la circulation routière, les transports publics, la circulation à vélo. La Gran Vía, un des principaux axes de la ville, est en train de devenir un cobaye de tous ses changements vers une ville plus durable; durant les fêtes de fin d’année par exemple, la voie avait été fermé au trafic routier dans le but de rendre le centre plus convivial pour les piétons. La semaine dernière, les habitants ont été soumis à un vote sur le futur de la Plaza de España et de la Gran Vía; les questions de cette consultation citoyenne portaient sur l’espace dédié aux piétons (trottoirs, passages piéton) mais aussi sur les transports en communs.
La machine est déjà en marche et on peut voir que Madrid a la volonté de devenir une ville durable. L’efficacité de son système de transports en commun, les services de location de voitures électriques tels que Emov ou encore Car2Go constituent des moyens pour réduire la pollution de l’air et cela sans compter les nombreuses réformes que la mairie veut réaliser.
Fatima Ouedraogo